LISTE ABBATIALE

Abréviations utilisées :

ADHS                           Archives départementales de la Haute-Savoie

ADS                             Archives départementales de la Savoie

AEG                             Archives d’État de Genève

AEV                             Archives d’État du Valais

AMM                            Archives municipales de Morzine

APSG                           Archives de la paroisse Saint-Guérin en vallée d’Aulps

arr.                                arrondissement

cant.                              canton

cne                                Commune

dist.                              district

HS I/3                           Helvetia Sacra. Section I : Archidiocèses et diocèses,vol. 3 : BINZ, Louis, ÉMERY, Jean, SANTSCHI,Catherine. Le diocèse de Genève, l’archidiocèse de Vienne en Dauphiné, Berne : A. Francke, 1980.

HS III/3                         Helvetia sacra, Section III : Die Orden mit Benediktinerregeln, vol. 3 : SOMMER-RAMER, Cécile, BRAUN, Patrick, éd. Die Zisterzienser und Zisterzienserinnen, die reformierten Bernhardinerinnen, die Trappisten und Trappistinnen und die Wilhelmiten in der Schweiz. Berne : A. Francke, 1982.

MDAChabl.                    Mémoires et documents publiés par l’Académie chablaisienne

MDAS                           Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne

MDSSHA                       Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie

n. s.                              nouveau style

pro.                               Province

Reconstitution...             Delerce (Arnaud), Une abbaye de montagne, Sainte-Marie d’Aulps. Son histoire et son domaine par ses archives, 2011 (Documents d’Histoire savoyarde publiés par l’Académie chablaisienne 4), volume II, édition des actes du chartrier d’Aulps.

RS                                Revue savoisienne

Les références complètes des différents ouvrages cités se trouvent dans la bibliographie.

 

 

Liste raisonnée des abbés d’Aulps

1097-1792

1) Gui (Vido, Vuido, Wido) : de 1097 [avant mars 12] à 1110 / jusqu'en 1113 ?

Moine de l'abbaye de Molesme, Gui est l'un des fondateurs ecclésiastiques de la cella d'Aulps vers 1094. Il est nommé abbé par les moines de son abbaye d'origine en 1097, avant le 12 mars 1Reconstitution..., n° 1. Peu après, le comte de Maurienne, Humbert II, agissant avec les consentements de Girard d'Allinges et de Gilles de Rovorée et en présence de Rodolfe de Faucigny, lui confirme la cession d'une partie de la vallée d'Aulps 2Reconstitution..., n° 2. Les familles de La Tour, de Sallaz et de Montfaucon lui cèdent entre 1097 et 1105 la majeure partie du village de Mégevette 3Reconstitution..., n° 4, 5, 6. Le 2 mars 1102, il obtient une bulle du pape Pascal II soustrayant Aulps au pouvoir d'ordre de l'évêque de Genève. Le même texte casse la clause de nomination de l'abbé d'Aulps par Molesme. Les moines d'Aulps élisent désormais leurs abbés conformément à la Règle de saint Benoît 4Reconstitution..., n° 3. Entre 1107 et 1110/1113, Gui assiste à la confirmation par Humbert de Bex des dons de sa famille en faveur du prieuré de Saint-Sulpice 5Reconstitution..., n° A 1. Cette maison a pu être un temps subordonnée à Aulps 6BUJARD (J.), “ Le prieuré de Saint-Sulpice. Etude historique et architecturale des anciens bâtiments conventuels ”, Revue historique vaudoise, 1987, p. 4-5. Sous l'abbatiat de Gui, Aulps joue un rôle essentiel dans la vie monastique régionale. Ses moines fondent l'abbaye de Balerne (vers 1100) 7CHAUVIN (B.), “ Débuts de Balerne... ”, p. 233-262, peut-être un prieuré à Cessens (futur Hautecombe) 8CIBRARIO (L.), Storia e descrizione della Reale Badia di Santa Maria d'Altacomba, Turin, 1843, p. 119, repris par CLAIR (Dom R.), “ Les origines de l’abbaye d’Hautecombe ”, Mélanges à la mémoire du Père Anselme Dimier, t. II, Histoire cistercienne, vol. 4, Abbayes, Pupillin, 1984, p. 615-627 et DUPARC (P.),“ Le premier siècle de l'abbaye d'Hautecombe ”, dans Actes du XXXIe congrès des sociétés savantes de Savoie (Annecy, 13 et 14 septembre 1986), Annecy, 1988, p. 197­214 (Mémoires et documents publiés par l'Académie salésienne, t. XCV) et auraient participé à la fondation de l'abbaye de Bonmont 9CHAUVIN (B.), “ Débuts de Balerne… ”, p. 244. Gui apparaît pour la dernière fois en 1110, à Molesme, pour régir les rapports entre son abbaye et Balerne 10Reconstitution…, n° 7.

2) Guérin (Guarinus, Warinus) [de Mousson] : dès 1110 ? / de 1113 au 1138 janvier 30 / jusqu'au 1138 mars 11 ?

Une tradition plausible fait de Guérin un membre d'une famille noble de Mousson. Un homonyme, Guérin de Mousson, est signalé comme un bienfaiteur de Molesme. Selon la date et les lieux, il pourrait s'agir de son père ou de l'un de ses proches 1LAURENT (J.), Cartulaires…, t. I, p. 225-226. Guérin entre à Molesme âgé d'environ dix-huit ans, au plus tard dans les années 1085 2LUGON (C.), Saint Guérin, abbé d'Aulps, évêque de Sion. Un homme et une province, Romandie-Savoie au XIIe siècle. Genève, 1970, p. 45, n. 2 et DIMIER (M.-A.), “ Saint Guérin, abbé d’Aulps et évêque de Sion ”, Mélanges à la mémoire du Père Anselme Dimier, t. I, Père Anselme Dimier, vol. 2, Travaux inédits et rééditions. Pupillin, 1987, p. 689. Il est probablement cité comme témoin dans une charte concernant le mariage de deux serfs de Saint-Oyend 3LAURENT (J.), Cartulaires…, t. II, p. 158, n° 171. Aucun texte ne signale la présence de Guérin à Aulps avant le premier acte connu de son abbatiat en 1113. Il sollicite alors de l'évêque de Genève, Gui de Faucigny, la cession de l'église paroissiale de Saint-Cergues en faveur de son abbaye 4Reconstitution…, n° 9. Le 28 avril 1119, il obtient du pape Calixte II une bulle confirmant celle de Pascal II (1102) et étendant l'exemption d'Aulps. Les abbés sont désormais protégés des prétentions épiscopales en matière d'excommunication, d'interdit, de convocation aux synodes ou de comparution devant les cours séculières 5Reconstitution…, n° 11. En 1124, Guérin est conseiller lors de l'accord de Seyssel définissant les droits respectifs de l'évêque et du comte de Genève 6SPON (J.), Histoire de Genève, t. III, Genève, 1730, p. 3-9, n° 1. Il prépare l'affiliation à l'Ordre cistercien en supprimant les aspects érémitiques de la vie monachique à Aulps et en se séparant d'églises paroissiales, selon les termes d'une lettre élogieuse de Bernard de Clairvaux 7Reconstitution..., n° 16. Avec circonspection, Guérin affilie son abbaye à Clairvaux et à l'Ordre cistercien le 28 juin 1136 après tous les autres monastères issus d'Aulps ou de Molesme de la région 8DIMIER, (M.-A.), Saint Bernard et la Savoie, Annecy, 1948, p. 18. Guérin est nommé évêque de Sion entre le 30 janvier, jour du décès de Boson son prédécesseur 9GREMAUD (J.), “ Documents relatifs à l’histoire du Vallais, t. I, 300-1255 ”, Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, t. XXIX, 1875, p. 82, n° 125. Extrait du nécrologe de Sion, et le 11 mars 1138 10Ibid., t. XXIX, p. 82, n° 127. A cette dernière date, il est évêque de Sion et apparaît aux côtés de son métropolitain, l'archevêque de Tarentaise, et des évêques d'Aoste et de Maurienne. Il est le troisième abbé cistercien élevé à l'épiscopat. Guérin joue un rôle politique de premier plan en Valais 11LUGON (C.), “ Saint Guérin, chef temporel ”, Bulletin du diocèse de Sion, nos 6 et 7, 1965, p. 271-302. Il meurt à Aulps un 6 janvier selon la tradition cistercienne 12LUGON (C.), Saint Guérin, abbé d'Aulps et évêque de Sion..., p. 249, d'après les notes de RIVAZ (A.-J.), Opera Historica, manuscrits aux Archives d’État du Valais à Sion ou un 27 août selon les nécrologes de Sion 13GREMAUD (J.), “ Documents du Vallais... ”, t. XXIX, p. 86, n° 133 et d'Abondance 14CIBRARIO (L.), “ Necrologium monasterii de Abundancia ”, Monumenta Historiae Patriae, Scriptorum III, Turin, 1848, entre 1150 et 1159 après avoir résigné sa charge épiscopale 15LUGON (C.), Saint Guérin, abbé d’Aulps et évêque de Sion..., p. 248-251. Ses restes sont placés dans un sarcophage de marbre érigé dans le chœur des moines de l'abbatiale d'Aulps 16DELERCE (A.), “ La visite de Jacques Beraud à l'abbaye d'Aulps en 1638 ”, Mémoires et documents publiés par l'Académie chablaisienne, t. LXX, 2005, p. 379. Les restes de Guérin reposent aujourd'hui (2010) en l'église paroissiale de Plan d'Avoz à Saint-Jean­d'Aulps. Les reliques de Guérin sont réputées guérir le bétail malade et un pèlerinage fréquenté se met en place à une date indéterminée.

3) Guillaume : dès le 1138 mars 11 ? / de 1140 au 1168 décembre 29 / jusqu'en 1172 ?

Après l'élection de Guérin à l'épiscopat sédunois, Bernard de Clairvaux promet aux moines d'Aulps de leur envoyer le prieur de Clairvaux Godefroid, futur évêque de Langres, pour les guider dans le choix d'un nouvel abbé 1Reconstitution…, n° 17. Cette précision suggère l'ouverture d'une courte période de vacance et une élection se portant plutôt sur un abbé local. Sous l'abbatiat de Guérin et après 1135, un Guillaume est prieur d'Aulps. Il pourrait s'agir du futur abbé 2Ibid., n° 14. Guillaume est cité pour la première fois comme abbé d'Aulps en 1140 3Ibid., n° 19. Selon la documentation disponible, il porte un intérêt particulier à l'acquisition d'alpages et accroît de manière spectaculaire le domaine pastoral d'Aulps : La Diomaz à Mégevette 4Ibid., n° 20, Avoriaz à Morzine et Lens à Saint-Jean-d'Aulps 5Ibid., nos 22, 23, 24, 25. Guillaume apparaît pour la dernière fois précisément pour régler un conflit pastoral entre la chartreuse du Reposoir et les sires de Faucigny, le 29 décembre 1168 6LULLIN (P.), Revue savoisienne, 7è année, n° 2, 1866, p. 19.

4) Godefroid (Gotfroid) : dès le 1168 décembre 29 ? / 1172 / jusqu'en 1176 ?

Seule une analyse d'inventaire mentionne l'abbé Godefroid en 1172. Gilles de Rovorée confirme alors les dons effectués par ses ancêtres en faveur d'Aulps 1Reconstitution…, n° 28.   

5) Thomas : dès 1172 ? / 1176 ? / jusqu'au 1181 janvier 21 ?

Seule une analyse d'inventaire mentionne l’abbatiat de Thomas en 1176 1Reconstitution…, n° 30. Le texte signale une redevance à verser à Gaucher sire de Salins pourtant décédé en 1175. Si Thomas semble bien succéder à Godefroidle millésime de l'acte reste donc douteux. Cette charte est cependant confirmée à deux reprises en 1190 et 1192 avec mentions de Thomas 2Arch. dép. Haute-Savoie, 6 H 1, pièces n° 1 et 2. Son historicité ne fait aucun doute.

6) Isard (Isardus, Ysaardus, Ysardus) [sixième abbé] : dès 1176 ? / du 1181 janvier 21 à 1188 / jusqu'en 1192 ?

Il est le destinataire d'un privilège octroyé par Alexandre III le 21 janvier 1181. Le souverain pontife confirme Aulps dans ses possessions consistant en trois églises paroissiales, vingt granges et six alpages 1Reconstitution…, n° 32. Isard est qualifié de sixième abbé d'Aulps, Isardo sexto abbate Alpensi, dans un texte à la tradition cependant douteuse 2Reconstitution…, n° 33. Arbitre à Aix en 1184 3Archives d’État de Genève, Portefeuilles historiques, n° 23, à Genève en février 1188 4Ibid., n° 27. Il apparaît dans deux autres actes de l'année 1188 5Reconstitution…, t. I, n° 35 ; HISELY (J.-J.), “ Cartulaires de la chartreuse d’Oujon et de l’abbaye d’Hautcrêt ”, Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, t. XII, 1852-1854, p. 47-48, n° 28.

7) Guillaume : dès 1188 ? / 1192 / jusqu'en 1197 ?

Guillaume est cellérier d'Aulps vers 1176 puis abbé en 1192, comme l'indique le seul texte le mentionnant occupant cette charge : […] Hanc permutationem, ego Galcherius, dominus de Salinis feci per manum Willelmi, tunc cellerarii postea vero ejusdem domus abbatis […] 1Reconstitution..., n° 37.

8) ?: dès 1192 ? /jusqu'en 1197 ?

L'adjectif nonus, neuvième, plusieurs fois associé au nom de son successeur permet seul de déduire l’existence de cet abbé que la vacuité archivistique de la charge incite à placer plutôt ici. L'absence de toute mention entre 1192 et 1197 interdit même de lui attribuer un nom de baptême.

9) Guillaume de Boège, neuvième abbé : de [1197] à 1226 / jusqu'en 1228 juillet ?

Guillaume, neuvième abbé d'Aulps, est ainsi qualifié pour la première fois dans un acte non daté, mais passé selon toute vraisemblance le jour de la mort d’Henri, sire de Faucigny dans le courant de l’année 1197 1Reconstitution…, n° 45. Cette même année, une confirmation de plusieurs dons pourrait suggérer un changement d'abbé contemporain 2Reconstitution…, n° 44. Le nonus ou noni des actes originaux se trouve souvent transformé en novus voire nostri dans les transcriptions, ajoutant à la confusion, mais tous semblent qualifier cet abbé. Sous son abbatiat, l'église d'Aulps est consacrée par l'évêque de Genève Bernard Chabert, le 26 mai 1212 3Reconstitution…, n° 69. En 1213, les abbés de Balerne et Hautcrêt et le prieur d'Aulps promulguent pour les hommes d'Aulps des règlements judiciaires novateurs en tous points remarquables 4Reconstitution…, n° 72. Logiquement, Guillaume est absent de cet acte fondamental. Il obtient plusieurs confirmations d'anciens dons de la Maison de Savoie, des sires de Faucigny, des évêques de Genève et du souverain pontife. En 1224, Honorius III lui confie le soin d'affilier l'abbaye de chanoines réguliers de Filly à l'Ordre cistercien 5Reconstitution…, n° 95. Cette mission est un échec 6LE FORT (C.) et LULLIN (P.), “ Chartes inédites relatives à l’histoire de la ville et du diocèse de Genève et antérieures à l’année 1312 ”, Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire et archéologie de Genève, t. XIV, 1862, p. 22, n° 27. Guillaume est cité jusqu'en 1226 7Reconstitution…, n° 104 avec son numéro d'ordre, indice d'une personnalité remarquable, comme le suggère son refus d'appliquer les prescriptions du Chapitre général en 1203 8Reconstitution…, n° 55 et la peine disciplinaire prononcée à son encontre. Après avoir résigné sa charge entre 1226 et 1228 9Reconstitution…, n° 105, Guillaume reste actif. Il est qualifié d'ancien abbé d'Aulps, quondam abbas Alpensis, de 1228 à 1238 (dernière mention) 10Reconstitution…, n° 169 et même en la présence de Vullielme de Boège jadis abbé d’Aux en 1229 11Reconstitution…, n° 109. Cette information essentielle sur son patronyme est plausible. La famille de Boège 12Possessionnés à Boëge, cne et can., dép. Haute-Savoie appartient au réseau d'influence des sires de Faucigny. Elle est possessionnée à proximité des terres d'Aulps et relativement puissante au XIIe siècle. Dès Guillaume, les abbés se rapprochent de la noblesse locale dont ils sont issus. L'obituaire de l'abbaye de Sixt inscrit le décès de Guillaume, ancien abbé d'Aulps, au 29 janvier [1239 ?] 13GAVARD (A), “ L'obituaire de l'abbaye de Sixt ”, Mémoires et documents publiés par l'Académie salésienne, t. XXXVI, 1913, p. 29.

10) Gui : dès 1226 ? / 1228 juillet / jusqu'en 1229 mars 31 ?

Gui, éphémère abbé d'Aulps apparaît dans une seule charte de juillet 1228. Il enquête avec les abbés de Balerne et de Buillon au sujet d'un litige entre les abbayes de Lac-de-Joux et de Mont-Sainte-Marie 1GINGINS-LA-SARRA (F.), “ Annales de l’abbaye du Lac-de-Joux ”, Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande, t. I/3, 1842, p. 154. Son existence est également prouvée par la précision des numéros d'ordre de son prédécesseur et de son successeur. Il est assuré que Guillaume est le neuvième abbé en 1226 et Pierre de Pont le onzième dès 1229.

11) Pierre de Pont, onzième abbé : dès 1228 après juillet ?/ du 1229 mars 31 (n. st.) au 1244 mars 25/ jusqu'au 1244 mai 27 ?

Pierre est abbé d'Aulps le 31 mars 1229 (n. st.) 1Reconstitution…, n° 107etqualifié de onzième abbé en 1230 2Reconstitution…, n° 114. Cette précision du numéro d’ordre indique une personnalité remarquable. Une intense activité diplomatique le conduit souvent loin de son monastère. Témoin ou arbitre à Hautcrêt 3Arch. cant. Vaud, Lausanne, C VIII b-28, Chillon 4WURSTEMBERGER (L.), Peter II. Graf von Savoyen, Markgraft in Italien, sein Haus und seine Land. Ein Charakterbild des dreizehnten Jahrhunderts, diplomatish bearbeitet. Mit einem Urkundenbuch, t. IV, Bern, 1858, p. 39, n° 90, Lausanne 5GUMY (J.), Regeste de l’abbaye de Hauterive de l’ordre de Cîteaux, depuis sa fondation en 1138 jusqu’à la fin du règne de l’abbé d’Affry en 1449, Fribourg, 1923, p. 155, n° 414 ou Villarsel 6Ibid., p. 162, n° 429, il côtoie constamment les grandes familles aristocratiques de la Savoie. Pierre obtient d'Aimon de Faucigny la destruction du château du Couard situé en amont du monastère d'Aulps en 1233 7Reconstitution…, n° 126. Il est l'un des témoins du premier testament de Pierre futur comte de Savoie en 1234 8WURSTEMBERGER (L.), Peter II. Graf von Savoyen..., t. IV, p. 40, n° 92. Le 6 décembre 1238, aux côtés de Girold, doyen d’Allinges et official de Genève, il notifie un don important effectué par Thorembert, sénéchal d’Allinges en faveur du prieuré de Saint-Paul 9Fonds privé, 41.8, cartulaire de Saint-Paul. Dans ce même document, Pierre notifie un autre acte en 1231. Grâce à cette expérience séculière considérable, Pierre est élevé à l'épiscopat de Belley au début de l’année 1244. Le 25 mars, le pape Innocent IV enjoint aux chanoines de Belley d'élire un nouveau diocésain et a priori, Pierre serait toujours abbé d'Aulps à cette date 10HAURÉAU (B.), Gallia christiana..., t. XV, col. 624. Le 27 mai 1244 apparaît un nouvel abbé, Thomas 11Arch. Stato di Torino, Corte, Paesi, Duché de Savoie, mazzo 1, tit. 1, n° 59. Pierre est cité comme évêque de Belley et ancien abbé d'Aulps le 1er février 1245 (n. st.) 12LE FORT (C.), LULLIN (P.), Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, t. XIV, p. 27, n° 36. Il intervient encore pour son ancienne abbaye en août 1248 13Reconstitution..., n° 232. A la suite de Ludwig Wurstemberger, plusieurs auteurs ont adopté une datation inexacte (1237) pour un acte passé en présence de Thomas, le successeur de Pierre. Cette erreur les a conduits à placer un abbé Thomas entre deux abbés Pierre et en outre de faire de l'évêque de Belley Thomas de Grammont 14HAURÉAU (B.), Gallia christiana…, t. XV, col. 624 un ancien abbé d'Aulps. Or Thomas ne fait que confirmer entre 1247 et 1250 cet acte de 1237 dont le texte conservé ne cite aucunement l'abbé d'Aulps 15Arch. Stato di Torino, Corte, Paesi, Duché de Savoie, mazzo 1, tit. 1, n° 44 pour le texte de 1237 ; Arch. Stato di Torino, Corte, Paesi, Duché de Savoie, mazzo 1, tit. 1, n° 63 pour la confirmation non datée [1247-1250]. Pierre, évêque de Belley, est bien un ancien abbé d'Aulps. Le prélat signale lui-même dans une charte de confirmation qu’il entra à l’abbaye d’Hauterive en 1209. Pour l’occasion, ses frères Jacques et Rodolfe de Pont firent une aumône 16GUMY (J.), Regeste de l’abbaye de Hauterive…, p. 117-118, n° 328. Le patronyme de l’abbé d’Aulps issu de la famille des seigneurs de Pont-en-Ogoz qui commença sa carrière à Hauterive et la termina à Belley ne fait donc aucun doute 17PERROUD (M.), “ Notes sur les évêques de Belley ”, Le Bugey, société scientifique, historique et littéraire, bulletin annuel, 24e fascicule, 1930, p. 578-579. Cet auteur fut le premier à identifier le patronyme de l’évêque.

12) Thomas (Thoma) : dès le 1244 mars 25 ? / du 1244 mai 27 à 1250 / jusqu'en [1252 mai] ?

Le 27 mai 1244, Thomas arbitre un conflit entre l'évêque de Lausanne et Pierre, comte de Savoie 1Arch. Stato di Torino, Corte, Paesi, Duché de Savoie, mazzo 1, tit. 1, n° 59.. Son abbatiat se distingue par de fréquents recours au pape Innocent IV alors à Lyon dont Thomas obtient cinq bulles ou lettres protégeant les biens d'Aulps. Il apparaît une dernière fois au cours de l'année 1250 en délivrant une quittance à un habitant de Samoëns 2Reconstitution…, t. I, n° 252. Il confirme un acte de 1237 défendant à quiconque de reconstruire le château de Rue pendant quinze ans.

13) Pierre de Grésy (de Greisiaco) : dès 1250 ? / de [1252 mai] au 1268 mai 16 / jusqu'en 1268 [après mai ­16] ?

Fils de Rodolfe de Grésy 1LE FORT (C.), LULLIN (P.), Régeste Genevois..., p. 251, n° 1025, Pierre est membre de l'une des plus influentes familles du Faucigny. Selon l'unique témoignage du rédacteur de la chronique manuscrite de l'abbaye, il serait mentionné dans un acte de mai 1252 2MUDRY (J.P.), “ Chronique manuscrite... ”, p. 71 et Reconstitution, n° 260. Le 31 juillet 1253, le pape Innocent IV confie à Pierre un pouvoir considérable. L’abbé est chargé d’interdire au chapitre de Genève, en cas de vacance, de désigner un nouvel évêque et de nommer lui-même à ce siège une personne compétente 3BERNOULLI (J.), Acta Pontificum Helvetica..., p. 360, n° 599. Il contribue à transformer Aulps en une puissante seigneurie ecclésiastique en obtenant le 21 septembre 1253 tous les droits de justice détenus en vallée d'Aulps par Aimon de Faucigny 4Reconstitution, n° 269, puis en achetant ceux du comte Pierre de Savoie le 7 septembre 1266 pour 1320 livres genevois 5Reconstitution, n° 340. Son nom est d’ailleurs souvent associé à celui du “ Petit Charlemagne ”, comme le 10 décembre 1254 lorsqu’il atteste que Benoît le Juif a prêté l’hommage lige au comte 6BARDELLE (T.), “ L'hommage-lige des juifs à Pierre II en 1254 ”, 2000(Cahiers Lausannois d'histoire médiévale, 27), p. 28, annexe I. L'abbé Pierre intervient également en faveur des familles du Faucigny, ses parents. En août 1258 avec l'abbé de Tamié et le prieur du Reposoir, il notifie et scelle une vente faite par Rodolfe dit l'Albane, fils de Guy de Lucinge 7LE FORT (C.), LULLIN (P.), Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, t. XIV, p. 45-46, n° 59. Son activité diplomatique le mène le 5 septembre 1260 près de la Morge où il rédige avec l'abbé de Saint-Maurice d'Agaune un important traité de paix et d'échange entre l'évêque de Sion, Henri de Rarogne, et Pierre de Savoie 8GREMAUD (J.), “ Documents du Vallais... ”, t. XXX, 1876, p. 43-50, n° 668. Pierre est l'un des témoins du testament du comte Pierre le 7 mai 1268 9Arch. di Stato di Torino, Corte, Materie politiche per rapporto all'interno, Testamenti dei Sovrani, mazzo 1/3, tit. 16/2. Il est également présent lors de son ouverture quelques jours seulement après le décès du testateur le 16 mai 1268 10WURSTEMBERGER (L.), Peter II. Graf von Savoyen..., t. IV, p. 431, n° 749. Son premier abbatiat à Aulps prend fin au cours de l'année 1268. La personnalité remarquable de cet abbé ne s'accorde cependant pas avec une démission. Il fut peut-être victime des luttes politiques de cette période.

14) Humbert de Rovorée : dès 1268 [après mai 16] ? / de 1268 [après mai 16] au 1269 juillet 17 / jusqu'en 1270 ?

Humbert est issu d'une branche cadette de la famille des premiers bienfaiteurs d'Aulps. Son parcours montre que les liens entre la famille de Rovorée et les monastères qu’elle a contribué à fonder ou doter 200 ans auparavant – Aulps et Bonmont – ne se sont pas relâchés. Ce fils d'Aimon de Rovorée et de Pétronille a pour frère Aimon, damoiseau, Ambroisie et Pierre. Mentionné une première fois en 1243 1Reconstitution…, n° 208, sa carrière atypique débute à Aulps où il est qualifié de novice en juin 1248 2Reconstitution…, n° 231 dans un acte concernant Aulps et son frère Aimon. Il est moine d'Aux en février 1250 3Reconstitution…, n° 243, puis abbé de Bonmont de 1262 à [1268] 4TREMP-UTZ (K.) “ Bonmont ”, Helvetia Sacra, III/3, Bern, 1982, p. 115.. En 1263, lorsque Aimon de Rovorée fait un don à Aulps, la charte est sellée du seau d'Humbert de Ravoré son frère, abbé de Bonmont en 1263, le jour devant les non[es] de julliet 5Reconstitution…, n° 336 Sa première mention comme abbé d'Aulps remonte au cours de l'année 1268 après le 16 mai 6Reconstitution…, n° 344. Les quelques actes connus de son administration montrent un abbé préoccupé par l'endettement de son monastère. L'abbatiat d'Humbert prend fin au cours de l'année 1269, après le 17 juillet. Il reconnaît alors devoir trente livres genevois à Bienvenue, juif de Villeneuve 7Reconstitution…, n° 348. Son patronyme est cité en 1270 : Humbert de Ravoré jadis abbé d'Aux 8Reconstitution…, n° 360.

15) Pierre de Grésy [= 13)] : dès le 1269 juillet 17 ? / de 1270 à 1273 septembre.

Son patronyme est cité en 1270 : Pierre de Greysier abbé d'Aux 1Reconstitution…, n° 360. Il s'agit du deuxième abbatiat de Pierre de . Le Chapitre général de 1271 charge les abbés de La Bussière et Theuley de se rendre à Salins pour enquêter sur Pierre et au besoin de prononcer sa destitution 2{end-texte}CANIVEZ (J.-M.), Statuta…, t. III, p. 96-97, année 1271, n° 21{end-texte}{end-tooltip}. Selon une décision du Chapitre général de l'année suivante, un litige inconnu avec le prieur de La Ferté en serait la cause 3Ibid., p. 105, année 1272, n° 6. A la mi-septembre 1273, Pierre est déposé et menacé d'excommunication par le Chapitre général pour avoir entravé le cours d’une visite régulière, prenant prétexte de l’importance des frais occasionnés. Les deux affaires n’en font probablement qu’une. L'abbé de Tamié est chargé d'annoncer cette sentence à Aulps avant le 29 septembre 4Ibid., p. 120, année 1273, n° 24. La décision est confirmée l'année suivante et Pierre est transféré vers une autre abbaye 5Ibid., p. 133-134, année 1274, n° 28. Vu son comportement irréprochable, le Chapitre général de 1276 le déclare à nouveau éligible 6Ibid., p. 155, année 1276, n° 16. En 1280, un certain Petrus dictus de Alpibus est déposé de l'abbatiat de Locedio 7Ibid., p. 203, année 1280, n° 60. Ne s’agirait-il pas du même homme ? Ce monastère fondé au début du XIIe siècle par l’ancienne comtesse de Maurienne, Gisèle, remariée au marquis de Montferrat était sous influence savoyarde. Ces difficultés illustrent à l’envi la transformation du rôle social, religieux et politique de l’abbaye, telle qu’elle est aussi perceptible dans la nature des actes diplomatiques.

16) Jean [de Pressy] : dès le 1273 septembre 29 ? / de 1273 [après septembre 29] à 1307.

Le château de Pressy (ou Anières) est situé à Bonneville 1BLONDEL (L.), Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, Genève, 1956 (Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, série in-4, 7), p. 251. Jean est probablement un parent du chevalier Guillaume de Pressy, très actif dans le Faucigny dès le dernier quart du XIIIe siècle, ou d’un autre Guillaume de Pressy dit Cuphignon. En 1296, la mère et la femme de ce dernier sont inhumées à Aulps 2Reconstitution…, n° 540. Le patronyme de Jean n'est pas cité, mais connu grâce à celui son frère jumeau, Raymond de Pressy, au contraire abondamment nommé dans les textes 3GAVARD (A.), “ L'obituaire de l'abbaye de Sixt... ”, p. 41 : “ [5 avril] Reymondus de Prissie monachus de Alpibus obiit Johannes abbas ejusdem monasterii gemini fratres ”. Ce dernier est aussi moine d'Aulps et même cellérier de 1283 à 1293 4Reconstitution…, n° 540. Dès la fin de l'année 1273 et après la déposition de Pierre, Jean ratifie un don consenti par son prédécesseur à un chanoine de Saint-André de Grenoble 5Reconstitution…, n° 376. Il reçoit la bénédiction abbatiale des mains de l'évêque de Genève avant le 22 juin 1275 6Reconstitution…, n° 397. Le Chapitre général de 1276 rétablit la réputation de Pierre de Grésy et soupçonne Jean de Pressy d'être impliqué dans sa déposition 7Reconstitution…, n° 418 et 419. Le résultat de cette enquête n'est pas connu, mais Jean demeure abbé. Parmi les nombreux actes de sa longue administration, il faut signaler la fondation d'une léproserie au Jotty 8Reconstitution…, n° 542 en 1296 et d'importantes acquisitions de droits appartenant aux Rovorée en 1298 et 1299 9Reconstitution…, nos 553 et 554 et 1302 10Reconstitution…, n° 605. Les Sciez sont un rameau de la famille de Rovorée. Jean de Pressy détient et exerce la haute justice : quod dictus dominus abbas de jure habet omnimodam juridictionem et tam merum quam mixtum imperium 11Reconstitution…, n° 632. Parallèlement à l'affirmation du pouvoir seigneurial de l'abbé, Jean emprunte sans cesse de l’argent et les procès avec les seigneurs voisins, laïcs ou ecclésiastiques se multiplient et l’accaparent. Ces difficultés nouvelles précipitent l’effacement diplomatique d’Aulps. Jean apparaît pour la dernière fois au cours de l'année 1307 12Reconstitution…, n° 663.

17) Pierre du Fresnay (du Frenay) : de 1307 à 1309 [après février 25]

En 1307, Hugues, sire de Faucigny, enjoint à Pierre du Fresnay de s’acquitter d’une dette de cent livres contractée auprès de Guillaume de Lucinge 1ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 144r°-v°, n° 777. Son administration n’est connue que par quelques actes mineurs. Il rédige le vidimus d’un acte de partage entre Jean et Raymond de Rovorée daté du 25 février 1309 sumpto a Nativitate Domini 2Le Fort, Charles et Lullin, Paul. Supplément au recueil des chartes de Genève..., p. 41-44, n° 33. Pierre est issu de la noblesse faucignerande et apparenté au chevalier Girard du Fresnay qui lui délivre en 1309 une quittance de soixante livres genevois pour un prêt 3ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 142r°, n° 756. Le 22 avril 1328, Humbert, sire de Faucigny, reconnaît que les Freyney sont issus de la Maison de Faucigny 4Arch. Nationales, 88 AP 15, fonds de Faucigny-Lucinge, troisième trait de la Maison de Faucigny, p. 175-177.

 

18) Guillaume de Rovorée : de 1309 [après février 25] À 1332 / jusqu’au 1333 juin 4 ?

Guillaume de Rovorée est probablement issu de la branche aînée de la famille des premiers bienfaiteurs d’Aulps. Il serait l’un des fils du chevalier Jean de Rovorée. Abbé d’Aulps dès 1309 il rembourse alors à un apotticaire de Lausanne […] 4 l[ivres] gen[evois] qui luy estoient deues par Pierre du Frenay predecesseurs dudit Guilliaume 1ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 144v°, n° 778. En 1311, il doit faire face à une révolte des habitants des bassins supérieurs de la vallée d’Aulps contre l’abbaye 2Arch. abbaye de Tamié. 1311. Son abbatiat se signale par de nombreuses violations des droits de juridiction de l’abbaye commises par les châtelains des comtes de Savoie ou des dauphins de Viennois sires de Faucigny. Guillaume sollicite régulièrement des deux princes des confirmations d’anciens droits ou la correction des châtelains irrespectueux (le 3 avril 1315 3ADHS, 6 H 1, pièce n° 40. Le bailli et le juge du Genevois et du Chablais et le prévôt du Mont-Joux enjoignent au châtelain d’Allinges de respecter la juridiction de l’abbaye d’Aulps, 16 janvier 1320 4ADHS, 6 H 1, pièce n° 53 (copie XVIIe siècle). Transaction entre Aulps et Hugues dauphin de Viennois sire de Faucigny à propos de leurs juridictions respectives ou 31 décembre 1320 5ADHS, 6 H 1, pièce n° 52. Lettre du comte de Savoie au châtelain d’Allinges). Il parvient à renforcer la souveraineté d’Aulps sur ses terres. Dernière mention au cours de l’année 1332, il reconnaît alors avoir emprunté dix livres genevois à Pierre Bestorna de Montriond (Seytroux) 6ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 345r°, n° 2048.

19) Jean de Vernier (Vernye, de Vernier) : dès1332 ? / du 1333 juin 4 AU 1338 mars 31 / jusqu’au 1338 septembre 22 ?

Son patronyme n’est porté par aucune famille en lien avec Aulps. Jean pourrait être un roturier issu du notariat : Rifier de Vernier instrumente pour Aulps en 1308 1ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 20v°, n° 296. Ce cas serait cependant exceptionnel. Jean de Vernier est moine à Aulps dès le 15 mai 1310 2Ménabréa, Léon. Notice sur l’ancienne chartreuse de Vallon en Chablais. In Mémoires de l’Académie de Savoie. t. II, série II, 1853, p. 52-53, n° XXI. L’homme est rompu à l’administration temporelle et une vingtaine de textes signale son intense activité de procureur pour Aulps. En 1314-1315, il est métral de Chairavaux, un petit office judiciaire compatible avec l’habit monastique 3Constant, Monique. L’établissement de la Maison de Savoie..., p. 117. Entre 1322 et 1324, il est placitaire 4ADHS, 1 J 1498, archives famille Demangeat. Photocopie de l’original : “[…] vir religiosus et honestus dominus Johannes de Vernyer placitarius abbatie de Alpibus ex una parte […], sorte d’assesseur de justice chargé des affaires de son monastère et tout particulièrement du recouvrement des droits de mutation. Jean de Vernier est cellérier dès le 22 décembre 1327 5ADHS, 43 J 98, arch. Académie chablaisienne. Copie XVIIe d’un acte de 1306, vidimé en 1327 à la demande du cellérier Jean de Vernier et jusqu’à son élection attestée le 4 juin 1333 6ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 177v°, n° 1003. Il ratifie alors un albergement passé par son prédécesseur en faveur d’un habitant de Mégevette. Le 22 juillet 1336, Jacques, abbé d’Hautecombe et Hugues de Langres, délégués par l’abbé de Clairvaux, fixent à trente moines (y compris l’abbé) et cinq convers les effectifs d’Aulps 7ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 163r°, n° 880. En 1335, le pape Benoît XII réorganise les ordres religieux par la constitution Fulgens sicut stella matutina et la bulle Summi magistri dignatio (20 juin 1336). Une telle visite a pour objectif de fi xer les effectifs selon les capacités financières dechaque monastère. D’après Williams, David H. The Cistercians..., p. 54, Bordesley (Royaume-Uni) abrite trente-quatre moines en 1332 ; quarante-quatre moines pour Henryków en 1336. Le 31 mars 1338, il reconnaît devoir la somme de vingt livres genevois à Jean de Nernier prieur de Peillonnex 8ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 326v°-327r°, n° 1827.

20) Guillaume du Rouvenoz (dou Rouvenu) : Dès le 1338 mars 31 ? / DU 1338 septembre 22 au 1348 mai 26 / jusqu’au 1348 octobre 3 ?

Les Rouvenoz 1Le Rouvenoz, hameau de Cranves-Sales, can. Annemasse nord, dép. Haute-Savoie sont en relation avec Aulps dès 1236 2ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 256r°-v°, n° 1426. Les trois frères Pierre, Girod et Boniface du Rouvenoz cèdent à Aulps des biens situés dans l’actuelle commune de Cranves-Sales. Le 5 octobre 1321 ou 1331, le moine d’Aulps Nicolas du Rouvenoz, son frère Guillaume et leur neveu Mermet Marcossey prennent à ferme les biens d’Aulps sis à Boëge et Saxel pour trois cent livres genevois 3ADHS, 57 J 68, fol. 488r°, n° 123. L’analyse n’est pas datée mais les indications contenues permettent de donner ces deux millésimes comme plausibles. L’analyse ne précise pas si le frère de Nicolas est un moine d’Aulps, mais il pourrait s’agir du futur abbé. Guillaume du Rouvenoz est procureur d’Aulps le 1er décembre 1329 4ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 236r°, n° 1332 et cellérier au 29 juin 1337 5Ibid., fol. 178r°, n° 1017. Il remplit plusieurs missions pour son abbaye jusqu’à son élection attestée le 22 septembre 1338 par son approbation donnée à la cession d’une terre entre des habitants de Villard 6Ibid., fol. 481r°, n° 1032. Le 26 mai 1348, il approuve une vente entre villageois de Mégevette 6Ibid., fol. 478v°, n° 1062.

21) Jacques [de Rovorée dit] d’Aulps (de Alpibus) : dès le 1348 mai 26 ? / du 1348 octobre 3 au 1349 août 21 / jusqu’au 1349 décembre 6 ?

Descendant des premiers bienfaiteurs d’Aulps, la famille de Jacques est implantée à proximité de l’abbaye, au village du Biot. Jacques est le fils de Nicod de Rovorée dit d’Aulps, chevalier 1ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 562r°-v°, n° 1772et de Nicoline de Grésy 2Foras, Éloi-Amédée de, et alii. Armorial et nobiliaire de l’ancien duché de Savoie. Grenoble, vol. 5, 1910, p. 276. Ses deux frères sont Mermet de Rovorée, seigneur d’Aulps, et Jean 3ADS, B 1690, inventaire Tavernier , fol. 334v°, n° 1913. Il est moine d’Aulps dès le 5 mai 1342 4ADHS, 6 H 2, pièce n° 78. Le 3 octobre 1348, l’abbé Jacques reconnaît devoir la somme de dix-huit livres et quatre sols genevois à des fermiers de Thonon 5ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 329v°, n° 1852. Il est cité une dernière fois le 21 août 1349 6Ibid., fol. 334v°, n° 1913, et peut-être victime de la peste comme au moins sept de ses confrères 7Delerce, Arnaud. Répertoire prosopographique des moines d’Aulps. C.C.V.A., 2004.

22) Aimon [de Rovorée dit ]d’Avusy (Aymo d’Avuyssie) : dès le 1349 août 21 ? / du 1349 décembre 6 au 1352 septembre 2 / jusqu’au 1353 avril 13 ?

Membre d’une branche de la famille de Rovorée implantée près de Genève, Aimon est le frère d’un Mermier de Rovorée, citoyen de Genève 1ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 334r°, n° 1910.. Moine d’Aulps le 5 mai 1342 (dernier cité) 2ADHS, 6 H 2, pièce n° 78., il est abbé le 6 décembre 1349 3ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 554v°, n° 2467., il reçoit le 19 décembre 1351 une reconnaissance d’habitants des Habères 4Ibid., fol. 178v°, n° 1006.. Son dernier acte comme abbé d’Aulps est rédigé le 2 septembre 1352 5ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 334r°, n° 1910.. Il démissionne de sa charge avant le 13 avril 1353 6Première mention de son successeur. et est envoyé comme recteur des dépendances d’Aulps à Salins. L’abbé Jean de Troches lui délivre une quittance générale pour son administration le 19 septembre 1355 7ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 501r°, n° 1507..

23) Jean de Troches (de Trochiis) : dès le 1352 septembre 2 ? / du 1353 avril 13 au 1368 mai 9 / jusqu’au 1368 décembre 4 ?

Jean est probablement issu d’une famille de la petite noblesse du Bas-Chablais. Le château de Troches est érigé près de Douvaine 1cne et can., dép. Haute-Savoie. Il est mentionné comme religieux d’Aulps le 31 mai 1346 2ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 280v°, n° 2995. et cellérier en 1348 3ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 343r°, n° 2023.. Jean est élu abbé avant le 13 avril 1353, date de sa première mention à ce poste 4Ibid., fol. 269r°, n° 1485.. Le 9 mai 1368, il est présent à une cession de terres situées à Amphion en faveur de l’abbaye 5ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 337v°, n° 1122 et 118.. Sa démission est probablement postérieure au 22 août 1368, Rodolphe de Blonay étant toujours abbé d’Hauterive à cette date, et antérieure au 4 décembre 1368, lorsque le comte de Savoie, pourtant à Aoste, est pleinement renseigné sur la vacance et décrit les événements liés à l’élection mouvementée de Rodolphe de Blonay 6Ménabréa, Léon. L’abbaye d’Aulps..., p. 309-310, n° XXXII.. Le 18 octobre 1369, l’abbé François des Balmes cède à Jean une pension lui permettant de payer les gages d’un valet 7ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 510v°, n° 2636.. Il est mentionné comme simple moine le 15 mars 1371 8Rabut, François. Trente-deux chartes inédites relatives à l’abbaye d’Aulps. In Mémoires et documents publiés par la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie. t. XXX, 1891, p. 257-258, n° XXVIII.. L’endettement de l’abbaye s’aggrave sous son abbatiat. En 1356, les revenus annuels d’Aulps se montent à deux mille florins et les dettes à six mille et en outre par ce ne reste pour les necessités d’ycelle abbaye que 200 florins annuels et ce tant a cause des interest que des guerres et diverses infortunes qui ont augmenté les debtes 9ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 167r°-v°, n° 895..

23 bis) Rodolphe de Blonay : dès le 1368 août 22 ? / du 1368 décembre 31 au 1369 janvier 1er/ jusqu’au 1369 mars 12 ?

Après la démission de Jean de Troches, le comte de Savoie Amédée VI impose son candidat, l’abbé d’Hauterive Rodolphe de Blonay 1. L’homme a déjà une longue carrière derrière lui : abbé de Bonmont de 1348 à 1353, d’Hautcrêt de 1353 à 1356 puis d’Hauterive de 1357 au 22 août 13682. Il est le fils de Guillaume, co-seigneur de Blonay et de Mermette de Billens3. En vallée d’Aulps, moines et seigneurs rejettent unanimement l’ingérence comtale. Lorsque Rodolphe, accompagné du bailli Jean de Blonay, marche sur l’abbaye pour y prendre ses fonctions, probablement à la fi n de l’été ou à l’automne 1368, il se heurte au seigneur d’Aulps Mermet de Rovorée. Menaces et insultes fusent. Rodolphe et son escorte rebroussent chemin. En représailles, le 4 décembre 1368, le comte de Savoie taxe les rebelles à hauteur de sept cent florins4. De leur côté, les moines élisent Hudri des Balmes avant le 10 décembre. A la fi n de l’année, et toujours escorté du bailli, Rodolphe franchit enfin l’enceinte d’Aulps. On ne sait comment la communauté et son abbé élu réagissent, mais le 31 décembre 1368, c’est bien en qualité d’abbé d’Aulps et dans le cloître de l’abbaye que Rodolphe scelle une vente5. Le lendemain, il est toujours qualifié d’abbé d’Aulps6. Cette situation insupportable le pousse toutefois à démissionner avant le 12 mars 1369. A cette date, deux analyses intitulent Rodolphe abbé d’Hauterive et Hudri, abbé d’Aulps7.

1 cne, dist. Vevey, can. Vaud, Suisse.

2 Renard, Jean-Pierre. Hauterive. In Die Zisterzienser und Zisterzienserinnen, die reformierten

Bernhardinerinnen, die Trappisten und Trappistinnen und die Wilhelmiten in der Schweiz. Helvetia Sacra, section III, vol. 3, Berne, 1982, p. 210-211.

3 Bissegger-Garin, Isabelle. Hautcrêt. In Die Zisterzienser und Zisterzienserinnen, die reformierten Bernhardinerinnen, die Trappisten und Trappistinnen und die Wilhelmiten in der Schweiz. Helvetia Sacra, section III, vol. 3, Berne, 1982, p. 169.

4 Ménabréa, Léon. L’abbaye d’Aulps..., p. 309-310, n° XXXII : […] Quod cum nuper abbatia de Alpibus, Gebennensis diocesis vacante pastore dum eidem ecclesie presente dilecto fi deli domino Johanne de Blonay baillivo nostro Chablaisii provideretur de reverendo patre domino Rodulpho abbate Alterippe, homines ejusdem monasterii prefatis domino Rodulpho et baillivo nostro graves intulerunt, violentias, injurias et offensas una cum Mermeto de Alpibus ad hoc prefatis hominibus auxilium et juvamen prebente […].

5 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 145r°, n° 2726 ; ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 62r°-v°, n° 279.

6 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 430v°.

7 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 501v°, n° 1547 ; ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 277r°, n° 1547.

24) Hudri des Balmes (Hudricus de Balmis) : dès le 1368 mai 9 ? / du 1368 décembre 10 au 1369 juillet 28.

Hudri des Balmes est moine d’Aulps le 18 janvier 13531, sous-prieur du 11 septembre 13652 au 6 juin 13663, puis prieur le 25 novembre 13674. Il est un des rares abbés du XIVe siècle à ne pas occuper l’office de cellérier avant l’abbatiat. Le 10 décembre 1368, il vend à Henry des Balmes des revenus à La Ravorée5 et, le 12 mars 1369, accorde à son prédécesseur Rodolphe de Blonay en recompense des agréables services qu’il rendait tous les jours à l’abbaye d’Aux6 les revenus de Salins7. Spécialement délégué par l’abbé de Clairvaux, l’abbé d’Hautcrêt Etienne enjoint à Hudri des Balmes de démissionner le 28 juillet 1369 et préside le jour même l’élection de son successeur, François des Balmes8. Le 10 février 1370, dans la salle capitulaire d’Aulps, Hudri demande pardon à son abbé François pour les paroles injurieuses proférées à son encontre par lesquelles il l’appeloit larron, qu’il avoit desrobé les biens du monastaire, qu’il y estoit entré par simonie et qu’il estoit excommunié et irregulier9. Dès le 8 août 137110, ce personnage remuant est envoyé en résidence à Salins où il administre les revenus d’Aulps. Sa présence y est attestée jusqu’au 13 décembre 140511. Il meurt avant 140912.

1 ADHS, 6 H 2, pièce n° 93.

2ADHS, 9 H 27, volume de procès entre Aulps et Vallon, copie 1493 non folioté.

3 ADHS, 57 J 68, fol. 154v°-155r°, n° 1698.

4 Mudry, Norbert. Onze chartes relatives à l’abbaye d’Aulps..., p. 267-272, n° X.

5 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 290r°, n° 1637.

6 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 501v°, n° 1547.

7 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 277r°, n° 1547.

8 Ibid., fol. 159r°, n° 855.

9 Ibid., fol. 375v°, n° 2326.

10 Ibid., fol. 274r°, n° 1523.

11 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 377r°, n° 1532.

12 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 281r°, n° 1589. “feu d. Udry”.

25) François des Balmes (de Balmis) : du 1369 juillet 28 au 1393 juillet 18 / jusqu’au 1395 juillet 19 ?

François serait recteur de la grange de Sous-le-Saix dès le 1er juillet 13501 (première mention) jusqu’au 18 avril 13572. On le trouve cité de manière certaine le 18 décembre 13513. Il est métral de Chairavaux en 13594, puis cellérier le 10 janvier 13655. Sa carrière est exclusivement temporelle. Il est élu abbé le 18 juillet 1369 et apparaît officiellement investi de sa charge treize jours plus tard, le 31 juillet6. Il s’assure alors l’hommage de Mermet de Rovorée qui avait joué un rôle décisif lors de la précédente élection. Le 18 octobre 1369, François des Balmes cède un revenu annuel de trente livres genevois et deux prébendes à l’abbé démissionnaire Jean de Troches et à son valet, pour s’etre volontairement démis en sa faveur de la dignité d’abbé7. Il désavoue ainsi implicitement les deux abbatiats précédents. Le 18 juillet 1393, il affranchit de l’hommage lige un notaire de Poche8. François pourrait être toujours abbé lorsque le 16 novembre 1393, Mermet de Menthon obtient du pape Clément une lettre de citation contre lui9.

1 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 490v°, n° 2511, sub François.

2 Ibid., 229r°, n° 1316.

3 Ibid., fol. 226v°, n° 1315.

4 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 343r°, n° 2027.

5 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 268v°-269r°, n° 1450.

6 Ibid., fol. 77r°, n° 485.

7 Ibid., fol. 510v°, n° 2636.

8 Ibid., fol. 184v°-185r°, n° 997.

9 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 381r°-v°, n° 2366.

 

26) François de Bonne (de Bona) : dès le 1393 juillet 18 ? / du 1395 juillet 19 au 1425 novembre 28 / jusqu’au 1426 juin 12 ?

Frère de Simon de Bonne1, François de Bonne est cité comme moine d’Aulps le 29 juin 1373. Alors en mission pour l’abbaye, le religieux est agressé par la foule des paroissiens des Habères qui le menacast de luy donner un tel coup de poinct en l’oeil qu’il en seigneroit et le feroit […] trainer jusques au nant2. Il est cellérier dès le 23 novembre 13743. Son élection est confirmée par l’abbé de Clairvaux le 19 juillet 13954. En 1406, François obtient de l’anti-pape Benoît XIII le privilège de célébrer les offices avec la mitre et l’anneau tant à Aulps que dans les églises paroissiales appartenant au monastère5. Il apparaît une dernière fois le 28 novembre 1425 pour approuver un échange de terres entre particuliers du Biot6. Son abbatiat ne s’étend pas au-delà du 12 juin 1426, le siège abbatial d’Aulps étant vacant à cette date7.

ADHS, 6 H 3, pièce n° 133. cne Bonne, can. Annemasse sud, dép. Haute-Savoie.

2 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 180v°, n° 971.

3 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 340r°, n° 1128.

4 Ibid., fol. 509r°, n° 861.

5 Ibid., fol. 417r°, n° 541.

6 Ibid., fol. 463v°, n° 492.

7 Arch. Académie chablaisienne, don anonyme, carton n°5, pièce n° 1.

27) Jean L’Hôte (Hospitis) : dès le 1426 juin 12 ? / du 1427 septembre 3 au 1428 décembre 4.

Les deux années qui suivent le décès de François de Bonne sont confuses. L’ancien abbé de Filly Berthet de Charrières et Jean L’Hôte, fils de Jean, citoyen de Genève et de Marie de Villette1 sont en compétition pour l’abbatiat. Les suffrages des moines semblent se porter tout d’abord sur Jean L’Hôte et le 3 septembre 1427, c’est en qualité d’abbé d’Aulps qu’il reconnaît devoir soixante-dix écus d’or à un marchand de Genève2. Mais Berthet de Charrières, soutenu par sa hiérarchie et une partie de la communauté ne désarme pas et porte le procès devant le pape. Jean L’Hôte et sa famille engloutissent dès lors des sommes colossales pour remporter les suffrages des cardinaux. Dans le courant de l’année 1428, Marie de Villette emprunte trois cent trois écus d’or3puis hypothèque une maison à Genève. Elle avoue ensuite une autre dette4 de cinq cent vingt cinq écus d’or contractée auprès d’un marchand de Genève, Guillaume du Bied5. Ce dernier exige des garanties et les moines d’Aulps acquis à la cause de L’Hôte lui remettent deux mitres, une crosse et plusieurs joyaux prélevés sur le trésor de l’abbaye. La somme totale empruntée à Guillaume du Bied et employée à soutenir le procès se monte à deux mille écus d’or6. Malgré cette débauche de moyens, le pape Martin V tranche le litige en faveur de Berthet de Charrières le 4 décembre 1428. Pour sa part, Jean L’Hôte est investi de l’abbatiat de Chézery et le souverain pontife lui accorde une pension annuelle de cinq cent florins à prendre sur les revenus d’Aulps. Il est qualifié dans l’analyse de religieux d’Aulps élu abbé de Chésery7.

1 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 140v°, n° 735.

2 Ibid., fol. 345v°, n° 2053.

3 Ibid., fol. 346v°, n° 2065.

4 Ibid., fol. 140v°, n° 735. La reconnaissance de dette est datée du 8 juillet 1429.

5 Sur le marchand Guillaume du Bied, v. Broillet, Philippe et Schätti, Nicolas. L’église paroissiale de Saint-Gervais de Genève et sa reconstruction en pierre et en brique au XVe siècle. In Des Pierres et des hommes, matériaux pour une histoire de l’art monumental régional, hommage à Marcel Grandjean. Bibliothèque historique vaudoise n° 109, Lausanne, 1995, p. 81-106.

6 Arch. dép. Haute-Savoie, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 527r°, n° 1780.

7 Ibid., fol. 414v°, n° 582. L’analyse de l’acte portant nomination de Charrières à Aulps et de L’Hôte à Chézery outre la pension de cinq cent fl orins n’est pas millésimée. Cependant un autre texte stipule l’octroi de la seule pension annuelle de cinq cent fl orins à Jean L’Hôte par le même pape. Elle est cette fois datée du 4 décembre 1428. ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 115r°, n° 565). Ces deux actes sont a priori passés simultanément.

 

 

28) Berthet de Charrières (Berthetus de Charreriis) : du 1428 décembre 4 au 1435 février 14 / jusqu’au 1435 février 28.

Berthet de Charrières est abbé de Filly, abbaye de chanoines réguliers de saint Augustin, de 1411 au 30 juin 14241. Il démissionne de cette charge avant le 13 septembre 14252. Après le 12 juin 1426, il est en compétition avec Jean L’Hôte pour l’abbatiat d’Aulps. Le pape Martin V le désigne finalement à cette charge le 4 décembre 14283, en infraction avec les statuts cisterciens prohibant le choix d’un abbé étranger à l’Ordre. Son abbatiat est documenté grâce à une vingtaine d’actes montrant un abbé soucieux de défendre les intérêts de son monastère. Il est toujours cité le 23 août 14344 mais résigne quelques mois après, sans doute sous la pression des moines d’Aulps fidèles

à son prédécesseur. Le 14 février 1435 à Florence, le pape Eugène IV confie officiellement la crosse à Jean L’Hôte5. Attendant la réponse du souverain pontife, Berthet de Charrières s’intitule une ultime fois abbé d’Aulps en cédant treize livres de cire au sacristain Claude de Châtillon le 28 février 14356.

1 Gonthier, Jean-François. Notice sur l’abbaye de Filly. Annecy, 1893, p. 33-34 et Piccard, Louis-Étienne. L’abbaye de Filly..., p. 129-139 et p. 398, n° 50.

2 Gonthier, Jean-François. Abbaye de Filly..., p. 34. François du Crest le remplace alors à Filly.

3 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 414v°, n° 582.

4 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 81v°, n° 349.

5 Ibid., fol. 115v°, n° 569. L’analyse porte : “ [...] donnée à Florence le 16 des kal. de mars 1434 [...]”. Or Eugène IV est à Florence après la révolte des Colonna à Rome courant mai 1434, v. Kelly, John Norman Davidson. Dictionnaire des papes. Turnhout, 1994, p. 504. L’abbatiat de Berthet de Charrières est documenté dans le courant de l’année 1434. Cet acte doit donc être reporté au 14 février 1435 (n. st.).

6 Ibid., fol. 406v°, n° 2599.

29) Jean L’Hôte [= 27)] : du 1435 février 14 au 1466 janvier 28 / jusqu’en 1468 août ?

Ancien abbé de Chézery et d’Aulps puis écarté de l’abbatiat, Jean L’Hôte est officiellement investi de la charge d’abbé par une bulle du pape Eugène IV du 14 février 1435 (n. st.)1. Excommunié pour son absence au concile de Bâle, il est absout le 19 décembre 14412. Mis au ban de l’Église une deuxième puis une troisième fois pour dettes, il est à nouveau pardonné le 28 février 14443 puis le 12 octobre 14574. En 1453, le chapitre général lui confie le soin de contrôler l’allure vestimentaire des cisterciennes de Savoie et du Dauphiné en les contraignant à couper leurs cheveux et porter le scapulaire5. Le 28 janvier 1466, il scelle une quittance générale pour toute la durée de son abbatiat6. Enfin, en août 1468, l’évêque de Genève Jean-Louis de Savoie, âgé d’une vingtaine d’année reçoit Aulps parmi de nombreux autres bénéfices7.

1 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 414r°, n° 569.

2 Ibid., fol. 511v°, n° 931.

3 Ibid., fol. 511v°, n° 916.

4 Ibid., fol. 513r°, n° 128.

5 ADS, B 1690, inventaire Tavernier, fol. 25v°, n° 83.

6 ADHS, 57 J 68, inventaire Jacques, fol. 433v°, n° 2430.

7 Gonthier, Jean-François. Inventaire inédit..., p. 255.

30) Jean-Louis de Savoie. Abbé commendataire de 1468 à 1470.

Né en 1447 ou 1448, huitième fils du duc Louis de Savoie et d’Anne de Lusignan. Administrateur de l’évêché de Genève de 1460 à sa mort en 14821. Il reçoit Aulps en commende en août 14682. Un volume de reconnaissances est passé en son nom dans le courant de l’année 14703.

1 HS I/3, p. 104-105.

2 ADHS, 57J68, fol. 412, n° 620.

ADHS, 9H27, fol. 288v.

 

 

31) Giovanni-Battista Zeno. Abbé commendataire de 1472 à 1500.

Issu d’une famille noble de Venise et neveu du pape Paul II. Zeno est créé cardinal au titre de Sainte-Marie-in-Portico en 1468. Il meurt le 8 mai 15011. Il nomme son vicaire et fermier général pour Aulps le 30 novembre 14722. Le 26 juin 1500, son procureur général alberge le cours d’un torrent à des habitants du Biot3. Abbé d’Aulps probablement jusqu’à sa mort.

1 C. Berton, J.-P. Migne, Dictionnaire des cardinaux, contenant des notions générales sur le cardinalat, Paris, 1857, col. 1700 et 1744.

ADHS, 57J68, fol. 602v., n° 280.

3 ADS, SA3435, fol. 58, n° 289.

 

 

32) Jaime Serra i Cau. Abbé commendataire de 1502 à 1507.

Né en Espagne vers 1430. Créé cardinal en 1500, il reçoit d’abord le titre de Saint-Vital puis celui de Saint-Clément en juin 1502. Dans les textes, il prend le nom de cardinal Arborensis du nom de son archidiocèse d’Oristano en Sardaigne. Il meurt en mars 15171. Son vicaire approuve la permutation de la cure du Biot le 18 octobre 15022. Le 4 octobre 1507, l’abbé de Filly traite en son nom avec Aimon de Rovorée au sujet de la seigneurie du Biot3.

1 C. Berton, J.-P. Migne, op. cit., col. 1747.

2 J.-F. Gonthier, op. cit., p. 257. AEV, 96/4.

 

 

33) Giovanni-Francesco della Rovere. Abbé commendataire de 1509 à 1514.

Né vers 1489. Membre de la famille du pape Jules II. Évêque coadjuteur de Turin en 1504puis évêque en 1510, enfin premier archevêque du même siège en 1515. Il meurt à la fin de l’année 15151. Il approuve une vente concernant Aulps en 15092 et son vicaire confirme l’augmentation des prébendes des moines le 26 juin 15143.

1 G. Tuninetti, G. d’Antino, Il cardinal Domenico Della Rovere, costruttore della cattedrale e gli arcivescovi di Torino dal 1515 al 2000, Turin, 2000, p. 35-39. 2 Archives privées (Morzine), volume d’un procès entre Morzine et Samoëns, XVIe siècle, fol. 255v.-256 (non classé). 3 ADS, SA3435, fol. 133v., n° 850.

34) Jean de Savoie. Abbé élu en 1516.

Fils naturel de l’évêque de Genève François de Savoie et lui-même évêque de Genève de 1513 à 1522, il meurt en 15221. Élu par les moines d’Aulps le 3 janvier 1516 à la mort de Giovanni-Francesco Della Rovere2, il n’est manifestement pas reconnu par le Saint-Siège. Son nom n’apparaît pas dans le chartrier d’Aulps.

1 HS I/3, p. 112.

Copie de l’acte d’élection aux AEG, Portefeuille historique, suppléments 59.

 

 

35) Bernardo Dovizi da Bibbiena. Abbé commendataire de 1516 à [1519].

Né en 1470. Créé cardinal en septembre 1513, il reçoit le titre de Sainte-Marie-in-Portico. Légat à de nombreuses reprises et protecteur du peintre Raphaël. Il meurt le 9 novembre 1520. Le 24 décembre 1516, son procureur augmente les prébendes des moines1. Il cède la commende à son neveu le 10 mai [1519]2 mais reste usufruitier d’Aulps et est qualifié comme tel le 26 mars 15203.

1 ADS, SA3435, fol. 133v., n° 851.

2 ADS, SA3435, fol. 96, n° 546. L’analyse porte le millésime erroné 1517, mais le 14 juillet 1518 Bernard est toujours qualifié d’abbé commendataire ; l’acte ne peut donc remonter qu’à 1519.

3 ADS, SA3435, fol. 71, n° 350.

 

36) Angelo Dovizi da Bibbiena. Abbé commendataire de [1519] à 1526.

Neveu du cardinal Bernardo Dovizi, frère d’Antonio Dovizi. Protonotaire apostolique. Il meurt en 1564. Abbé commendataire d’Aulps en [1519]1. Son procureur alberge des biens de Saint-Jean-d’Aulps le 17 octobre 15262.

1 ADS, SA3435, fol. 96, n° 546.

2 ADS, SA3435, fol. 57v.-58, n° 287.

 

 

37) Antonio Dovizi da Bibbiena. Abbé commendataire en 1528.

Neveu du cardinal Bernardo Dovizi, frère d’Angelo Dovizi. Protonotaire apostolique. Il n’est mentionné comme abbé d’Aulps que dans le courant de l’année 15281.

1 ADHS, 57J61 ; ADS, SA3435, fol. 57v.-58, n° 287 ; ADS, SA3435, fol. 69v., n° 344.

 

 

38) Agostino Trivulzio. Abbé commendataire de 1530 à 1535.

Né vers 1485. Créé cardinal en juillet 1517. Il reçoit le titre de Saint-Adrien. Il meurt en mars 15481. Le 20 juillet 1530, son vicaire le prieur d’Aulps Pierre de Saint-Jeoire alberge des terres situées à Saint-Jean-d’Aulps2. Des reconnaissances sont rédigées en son nom le 12 mars 15353.

1 C. Berton, J.-P. Migne, op. cit., col. 1741.

2 ADS, SA3435, fol. 127v., n° 821.

3 ADHS, 57J68, fol. 631, n° 499.

 

 

39) Philos Roverella. Abbé commendataire de 1535 à 1548.

Évêque de Toulon puis d’Ascoli1 et gouverneur de Rome. Il meurt avant décembre 15482. En 1535, ses vicaires approuvent la collation de la charge de sacristain à Jean Baud3. Les Valaisans, maîtres de la vallée d’Aulps dès 1536 ne le reconnaissent pas.

1 AEV, AV95/9.

2 AEV, AV95/15.

ADS, SA3435, fol. 135, n° 864.

 

 

40) Jean Trolliet. Abbé élu de 1536 à 1553.

Secrétaire du duc de Savoie Philibert Ier, il est présenté à la charge de sacristain d’Aulps par le vicaire du commendataire le 14 janvier 15031, office qu’il occupe toujours le 13 janvier 15312. Prieur du 7 janvier 15343 à l’élection abbatiale du 6 mars 15364. Il meurt d’hydropisie le 17 septembre 15535.

1 ADHS, 57J68, fol. 509v., n° 870.

2 AMM, copie de l’enquête sur la taillabilité, 1531 à 1533, fol. 1v. (non classé).

3 APSG, fonds de la cure de Saint-Jean-d’Aulps, copie de l’albergement de la dîmerie de Chairavaux, 7 janvier 1534 (non classé).

AEV, AV95/15.

5 P.-A. Naz, Obituaire de l’abbaye d’Aulps en Chablais, MDSSHA, 1875, t. 15/1, p. 117-145.

 

 

41) Jacques Tornery. Abbé élu de 1553 à 1568.

D’origine valaisanne1, il est moine d’Aulps le 18 juillet 15282. La charge de sacristain lui est conférée le 15 mai 15513. Il est élu abbé le 3 décembre 15534 et occupe cette charge jusqu’au 26 février 15685. Il démissionne probablement à la suite du traité de Thonon le 4 mars 1569 et du retrait des Valaisans. Il meurt sous-prieur le 19 avril 15716.

1 J.-P. Mudry, L’abbaye d’Aulps en Chablais d’après une chronique manuscrite du XVIIIe siècle, MDAC, 1988, t. LXIV, p. 93.

2 ADHS, 57J68, fol. 130v.-131, n° 334.

3 ADHS, 57J68, fol. 510, n° 867.

ADHS, 57J68, fol. 510, n° 856.

5 AEV, 96/8.

P.-A. Naz, art. cit., p. 129.

 

 

42) François Maillard. Abbé commendataire de 1561 à 1563.

Fils de Jacques de Maillard, seigneur du Bouchet. Prieur de Rumilly et de Contamine-sur-Arve. Économe d’Aulps en 1560. Nommé abbé par le duc de Savoie le 10 mars 1561, sa candidature est présentée au pape en septembre de la même année. Le duc ordonne au Sénat de Savoie de le mettre en possession des revenus de l’abbaye le 15 mars 15631. Son nom n’apparaît pas dans le chartrier d’Aulps.

1 A. Dufour, Les Maillard, seigneurs et barons du Bouchet, comtes de Tournon, etc. Notes généalogiques et documents, édités et annotés par François Mugnier, MDSSHA, 1889, t. XXVIII/1, p. 293 dont dépend toute l’information de cette notice.

 

 

43) Mark Sittich von Hohenems. Abbé [commendataire].

Appelé aussi Altemps. Né en 1533, neveu du pape Pie IV. Créé cardinal en 1561, il meurt en 15951. Seul l’obituaire d’Aulps en fait un abbé2. Il fut certainement le candidat de Rome et son nom n’apparaît pas dans le chartrier d’Aulps.

1 C. Berton, J.-P. Migne, op. cit., col. 230.

2 P.-A. Naz, art. cit., p. 129 : huic successit cardinalis de Constantia.

 

 

44) Claude Milliet. Abbé élu [après 1569].

Né le 19 août 15431. Frère du chancelier de Savoie Louis Milliet, sénateur au Sénat de Savoie2. Il meurt en 15843. Il porte le titre d’abbé élu d’Aulps avant le 15 septembre 15804 et en 15845. Cette élection par les moines, la dernière de l’histoire de l’abbaye, est postérieure à 1569 et à la résignation du dernier abbé élu Jacques Tornery. Son nom n’apparaît pas dans le chartrier d’Aulps.

1 A. de Foras, Armorial…, t. IV, p. 18.

2 J.-A. Besson, Mémoires pour l’histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarentaise, Aoste et Maurienne et du décanat de Savoye, Nancy, 1759, p. 327.

3 J.-F. Gonthier, op. cit., p. 261.

4 De Foras, op. cit.

5 F. Mugnier, Registre des entrées à l’audience du sénat de Savoie, MDSSHA, 1898, t. XXXVII/1, p. 391.

 

 

45) Pierre-Jérôme de Lambert. Abbé commendataire de 1563 à 1590.

D’après le chanoine Adolphe Gros, l’évêque de Maurienne (de 1567 à 1591) Pierre de Lambert le jeune et son neveu Pierre-Jérôme de Lambert, furent tous deux abbés d’Aulps1. Mis à part l’obituaire et la chronique manuscrite qui mentionnent les deux charges d’abbé et d’évêque dans la même titulature, aucun document original n’en fait état2 et l’évêque ne fut probablement pas l’abbé. On sait de ce dernier qu’il porte son titre abbatial dès 15633, est aussi prieur de Saint-Philippe à Saint-Jean-de-la-Porte, chanoine de Genève et protonotaire apostolique. Il souhaite résigner sa charge en faveur d’un neveu de Pierre Maillard en décembre 15704. Il apparaît une dernière fois comme curateur du fils de Pierre Maillard le 8 décembre 15905.

1 A. Gros, Histoire du diocèse de Maurienne, t. II, Chambéry, 1948, p. 201 et 202 note 1.

2 P.-A. Naz, art. cit., p 130 et J.-P. Mudry, art. cit., p. 94.

3 Gonthier, op. cit., p. 261.

4 ADHS, SA180, pièce n° 2.

5 ADS, 2B345, fol. 252.

 

 

46) Philibert Milliet. Abbé commendataire de 1593 à 1618.

Né le 15 novembre 1564. Fils de Louis Milliet, premier président du Sénat de Savoie, neveu de Claude Milliet. Évêque de Maurienne dès 1591 puis archevêque de Turin le 17 décembre 1618. Il meurt en 16251. Abbé d’Aulps à la fin de l’année 15932. Il réside quelques-fois à Aulps et résigne sa charge après le 7 décembre 16173.

1 G. Tuninetti, G. d’Antino, op. cit., p. 81-83.

2 J.-P. Mudry, art. cit., p. 93-94.

3 MDAChabl., t. VI, doc. III, p. 269-273.

 

47) Maurice de Savoie. Abbé commendataire de 1618 à 1642.

Né le 10 janvier 1593. Quatrième fils du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier. Créé cardinal en décembre 1607. Il résigne sa charge en 1642, se marie avec sa nièce et meurt le 3 octobre 1657. Nommé commendataire d’Aulps par bulle du 15 février 16181, il exerce sa charge jusqu’à sa résignation en 1642.

1 ADHS, SA180, pièce n° 5.

48) Gabriel de Savoie. Abbé commendataire de 1643 à 1646.

Fils naturel du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier et frère d’Antoine de Savoie. Maurice de Savoie résigne en sa faveur et il obtient la commende par bulle du 14 avril 16431. Le sénat s’oppose à sa nomination à Aulps2. Il résigne en février 1646 pour embrasser la carrière des armes3.

1 ADS, 2B223, répertoire des édits-bulles, fol. 178v.

2 ADHS, SA180, pièce n° 6bis.

3 Gonthier, op. cit., p. 264.

 

 

49) Antoine de Savoie. Abbé commendataire de 1646 à 1688.

Né en 1629. Fils naturel du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier et frère de Gabriel de Savoie. Il meurt le 24 février 1688. Il est nommé abbé commendataire d’Aulps par bulle du 13 février 16461. Il y réside à plusieurs reprises. Gouverneur et lieutenant général du comté de Nice, il exerce sa charge abbatiale jusqu’à sa mort.

1 Gonthier, op cit., p. 264.

 

 

50) Pierre Gioffredo. Abbé commendataire en 1688.

Né le 16 août 1629. Ce précepteur du duc de Savoie Victor-Amédée II résigne sa charge dans l’année de son élection1. Son nom n’apparaît pas dans le chartrier d’Aulps mais dans la chronique manuscrite.

1 Gonthier, op. cit., p. 264 et J.-P. Mudry, art. cit., p. 95.

51) Jean-Thomas de Provana. Abbé commendataire de 1689 à 1734.

Fils du comte Horace de Provana de Pralungo, il meurt le 4 décembre 17341. Il est pourvu de la commende par bulle du 26 novembre 16891. Il réside souvent à Aulps et conserve la charge abbatiale jusqu’à sa mort.

1 J.-P. Mudry, art. cit., p. 98.

2 ADHS, SA180, pièce n° 10. Le document ne mentionne pas Pierre Gioffredo, mais Antoine de Savoie comme prédécesseur de Jean-Thomas.

L’abbatiat est vacant de 1734 à 1750.

 

 

52) Joseph-Emmanuel de Blonay. Abbé commendataire De 1750 à 1764.

Né le 12 juin 1717. Fils de Claude de Blonay, baron d’Avise et de Claudine d’Oncieu. Il meurt le 23 février 17641. Docteur en théologie, aumônier du roi de Sardaigne et vicaire général à Turin2. Nommé en avril 17503, il réside souvent à Aulps et meurt dans l’exercice de sa charge.

1 ADHS, SA180, pièce n° 15.

2 M. Reymond, D. Galbreath, Annales et généalogie de Blonay, s. l., 1950, p. 279.

3 Ibid.

 

 

L’abbatiat est vacant de 1764 à 1779.

 

 

53) Michel Conseil. Abbé commendataire de 1780 à 1793.

Né le 19 mars 1716 à Megève1. Vicaire général et official du diocèse de Genève. Premier évêque de Chambéry le 30 avril 1780. Il porte le titre d’abbé par l’union de la mense abbatiale aux revenus de l’évêché de Chambéry lors de sa création en 1779. Il meurt le 29 septembre 17932.

1 A. Billiet, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique du diocèse de Chambéry, Chambéry, 1865, p. 13.

2 Ibid., p. 496.